Flamme blanche

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Film expérimental d’inspiration sociologique, réalisé à propos du pèlerinage annuel des nationalistes flamands à la Tour de l’Yser (Dixmude).

1930. 35 mm., noir et blanc, muet, 11′.

 

Réalisateur : Charles De Keukeleire
Ecriture : Willem Rombauts
Interprète : Willem Rombauts
Assistant directeur : René Jauniaux

 
A partir d’un rassemblement mouvementé des pèlerins de la Tour de I’Yser, Charles Dekeukeleire a choisi d’organiser son discours filmique autour d’une série de motifs dont la mise en place induit une certaine idée des com- portements humains.
La Tour-symbole, une des formules qui y sont associées (<Plus jamais de guerre>), le défilé de masse, la charge des gendarmes, I’homme incorporé à la foule militante et celui qui demeure en marge, ce sont, parmi la succession des images, les représentations qui émergent et que le réaIisateur a signifiées en puisant abondamment dans les ressources des codes cinématographiques.
Le film, en fait, s’articule en deux parties nettement distinctes.
Dans un premier temps, le montage fait alterner des plans de la Tour (que la caméra cadre d’une multiplicité de points de vue, de la contre-plongée sur son effilement à la plongée sur son ombre en passant par le mouvement longeant sa silhouette ou le drapeau qui la couronne) avec le texte formulant I’espérance impérieuse, des plans d’ensemble du défilé des pèlerins, et de gros plans fervents du visage de participants prélevés sur la masse ; encadrant la dernière représentation du motif du visage, les gros plans respectifs d’un pommeau de sabre et de sa lame viennent signifier, synecdoques incisives, l’irruption des forces de l’ordre dont la charge brutale éclate ensuite en plans d’ensemble.
La suite du film introduit une véritable rupture dans la thématique et le genre même du discours. A I’image s’inscrit un personnage coupé de toute référence au ras- semblement de la Tour et qui est mis en relation avec une série de motifs, un couteau et une masse de viande, qu’il approche, caresse, manipule, puis un bloc de glace que d’abord aussi il effleure pour le faire éclater ensuite sous les coups d’une hache ; on le retrouve un peu plus loin couché sur cette froide surface dans un plan auquel succède la représentation d’un porc en train de s’ébrouer.
Il y a là une suite d’images qui, venant après le récit de la manifestation, ne manque pas d’être énigmatique, voire <surréelle> dans son climat et jusque dans sa <trivialité>. Pourtant, à s’en tenir, comme nous croyons qu’il faut le faire, au fonctionnement même d’un film pour en inférer

Jacques Polet “Charles Dekeukeleire: parcours analytique d’une oeuvre”