Le récit suit une structure très classique. Sur fond de mappemonde un commentaire très simple décrit l’île, donne un bref aperçu de sa situation géographique et historique. Ensuite, de l’arrivée au départ des explorateurs archéologues, le film se compose d’une série de blocs séquentiels dramaturgiquement très organisés. Le premier montre les fameuses statues et leur mystère, les graffiti, les inscriptions rupestres, la découverte de grottes. Le deuxième est consacré au présent de ‘île : la misère des Pascuans, leur catholicisme fervent, la pré-sence de la lèpre et la maison des lépreux, le portrait d’un sculpteur qui continue la tradition des statues et sa mère minéralisée de vieillesse, plus ridée que tous les plissements hercyniens, une fête et ses danses traditionnelles, Enfin le troisième montre, après le don fait par le gouvernement chilien d’une tête colossale, le travail de charroi pour l’amener au bord de la mer, puis la hisser à bord du navire. Toute cette partie est animée d’un souffle épique, celui d’un effort collectif qui est proche du cinéma d’Eisenstein. Entre le passé célèbre et le présent misérable, le film fait le portrait d’une île où le sensationnel s’efface devant l’humain.
Reportage et prises de vues : John Fernhout
Montage : Henri Storck
Musique : Maurice Jaubert
Commentaires: Henry Lavachery et Alfred Métraux
Voix : Maurice Jaubert
Production : C.E.P. sous la direction d’Henri Storck
Enregistrement Pathé à Joinville le Pont, procédé Marconi
35mm/N&B/26 minutes/ 1935
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Autant et peut-être davantage que les énigmatiques statues de pierre, le film donne à voir le sort misérable réservé aux Pascuans évangélisés. Il en résulte quelques scandales, mais il n’est pas possible de mettre en cause l’authenticité de documents.
Paul Davay, Cinéma de Belgique, Ed. Duculot, 1973
L’île de Pâques fait spectacle rare de toute image. Et pour notre joie c’est une marine: voiliers exaltants, ‘eau toujours présente derrière les crêtes rongées de sculptures et de dunes lunaires. Storck est là dans son élément, qui connaît la mesure des vagues, dose la mer, et d’un coup de ciseaux arrête les navires.
Chr. Delpierre, Cassandre, 25 mai 1935
Magiques… On peut en dire autant des gigantesques figures, à ressemblance mi-humaine, mi-lunaire, qui ornaient jadis à profusion les vallées, les collines d’un point perdu sur la carte, dans l’immensité du pacifique. L’île de Pâques! Peu de noms ont suscité autant de rêve même du côté de la science rigoureuse.
André Breton
Le premier documentaire sur l’Île mystérieuse du pacifique. plusieurs pas-sages excellents: la fête du premier janvier avec les danses polynésiennes en habits de matelots européens, la vision atroce des lépreux qui jouent de l’ocarina, les têtes colossales des statues extraordinaires dressées face à la mer. Plus convaincante qu’aucune démonstration écrite, la vue cinématographique des statues traînées par une cinquantaine de personnes montrent que les indigènes d’autrefois ont pu, sans l’intervention d’un peuple disparu dans une catastrophe, sculpter, transporter et ériger les statues géantes.
Georges Sadoul, Regards, 20 mai 1937.
L’île de Pâques et Les carillons à la Biennale de Venise. Le choix de ces deux films, dont toute la critique s’est plu à sou-ligner les mérites et qui poursuivent en ce moment une très brillante carrière sur nos écrans, est particulièrement heureux.
L’Echo de la Bourse, 22 août 1936.