Justin le petit fugueur, voleur, bâtard et enfant mal aimé de sa mère et de son beau-père est l’exact frère aîné de celui qui sera l’Antoine Doinel des 400 coups de Truffaut. Jeanne, entre Cosette et Mouchette, résume tous les malheurs des petites rejetées, violées et prostituées. Leurs histoires sont belles et tristes et connaîtront un happy end juridique et institutionnel mais surtout elles sont rendues émouvantes par une remarquable mise en scène qui en fait de vrais personnages de film et non des porte-parole démonstratifs. D’autres mini histoires, celles de la voleuse, du garçon violent, de l’enfant gâté viendront apporter des contrepoints et ouvrir le champ de la délinquance qui touche tous les milieux sociaux. La réponse sociale, qu’elle soit juridique ou médico-psychologique, est analysée et rendue globalement positive. Tout ce film mi-fiction mi-documentaire est tourné en voix off où se mêlent le monologue intérieur des personnages et un commentaire explicatif. Le message est généreux et d’actualité mais surtout il cache comme un trésor deux petits récits parfaits.
Réalisateur: Henri Storck
Assistants : Luc de Heusch et Georges Lust
Scénario : Stéphane Cordier, Georges Lust, Luc de Heusch.
Conseiller : M. de Lierneux
Commentaire : Charles Dorat et Stéphane Cordier dit par Jean Davy, Raymonde Reynaerd et Jacques Delvigne
Directeur de la photographie : Arthur J. Ornitz
Chef opérateur : François Rents
Cameraman : Charles Abel
Ingénieur du son : Jacques Carrère
Montage : Henri Storck
Musique : Raymond Chevreuille
Script : Suzy Thirion
Production : C.E.P.
Directeur de production : Paul Leleu
Interprètes : Jean-Paul (Justin), Renée Delnatte (Jeannel, Nadine Bellaigue, Anne-Marie Ferrière, Léa Gray, Andréa Lambert, Mia Mendelsson, Albert Beeldens, Yvan Dominique, Paul Saussus, Charles Schaulen
Film de commande du Conseil du cinéma de l’Organisation des Nations-Unies, New York, dirigé par Jean Benoît-Lévy
Sujet : l’enfance délinquante
15 versions en langues étrangères 35 mm/N et B/28′ /1949
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… fut entièrement tourné en extérieurs et décors naturels (le Palais de justice de Bruxelles, une clinique médico-psychologique, …). La thèse du film, il n’y a pas d’enfants coupables mais seulement malades, traumatisés, est pertinemment exposée à travers des cas particuliers.
Francis Bolen, Histoire authentique du cinéma belge, Ed. Mémo et Codec, 1978.
Henri Storck rêve, depuis longtemps, de mettre sur pied, en Belgique, une production régulière de films dramatiques dignes d’un pays qui a fait naître des documentaires de grande classe internationale. Si l’équipe de l’enfance délinquante travaille avec tant d’enthousiasme, c’est parce qu’elle entend démontrer que, en appliquant intelligemment les procédés de l’école italienne de l’après-guerre, on peut envisager en Belgique, avec les moyens modestes dont nous disposons, de produire des longs métrages romancés de qualité.
Avec cette commande de six cents mètres, l’un des plus doués de nos documentaristes-mentaristes, a voulu et réussi la preuve que le cinéma belge – cet adulte abandonné et trop souvent délinquant malgré lui – peut réussir quand on voudra (…). Ce grand film de long métrage, véritable examen de maturité de tout cinéma qui voudra se donner pour universel.
Pierre Augustin.
Le son, la musique, le scénario, le commentaire sont quasiment sans reproche. Le jeu des interprètes, surtout des enfants, est empreint du plus grand naturel, si bien qu’on croit se trouver en présence de vrais délinquants.
G. Pl. Le Drapeau rouge, Bruxelles, 29 avril 1949.