Ces images détournées, rassemblées, se subvertissent les unes les autres, organisent ou plutôt désorganisent le monde: la loufoquerie, le cocasse, le pataquès, la violence sont au rendez-vous d’événements étranges où tous les spectateurs d’un stade deviennent voyeurs, où les chasseurs troquent de bucoliques jeunes gymnastes, où les incendies succèdent aux catastrophes, où tomber dans les piscines semble être une activité normale et fréquente. Ce cadavre exquis d’images est tout à fait jubilatoire et subversif.
Montage d’actualités de 1928
Montage : Henri Storck
Distribution : ADAC film Bruxelles
35mm/N&B/muet/10 minutes/1932
II se tisse entre les plans une relation secrète et sournoise, où transparaissent quelques traits indélébiles de l’époque, celle-ci plus elle-même d’être autocaricaturée et stylisée… Sans nul doute, en même temps que le film nous dit en transparence quelque chose de vrai sur ces années, en même temps il nous parle de son réalisateur, peut-être un peu plus qu’il ne l’a su.
Jean Queval, Henri Storck ou la traversée du cinéma, Festival National du Film belge, 1976.
Non moins sarcastique est Sur les bords de la caméra. Nous voyons des danses rythmiques et des exercices de gymnastique au ralenti, un chef d’orchestre et une course champêtre, un astronome qui regarde au télescope de jeunes nageurs et nageuses, des acrobates et des hommes de science en gibus, en alternance avec des scènes de masses en tumulte. Nous retrouvons ici des associations excentriques du montage Vertovien et des humeurs caustiques à la René Clair… Le film de Storck s’achève sur une foule en tumulte de par les rues, les usines qui brûlent et la fumée gui emplit le ciel. Une instigation directe à l’insurrection.
Michele Canosa, Henri Storck, il litorale belga, Campanotto Editore, Udine, 1994.